Des pleurs, des nuits blanches, et personne ne comprend pourquoi… Le vrai visage du reflux chez le nourrisson. 

Maman tenant son bébé qui a du reflux avec tendresse.

 

Un cauchemar que trop de parents connaissent

Chaque repas devient une épreuve.

Votre bébé pleure, se tortille, refuse le biberon ou se réveille en hurlant la nuit. Vous avez tout essayé — changer le lait, ajuster la tétine, le bercer, le garder en position droite — mais rien n’y fait.

Et si ce n’était pas “juste des coliques” ?

Derrière ces pleurs, se cache parfois un trouble bien plus fréquent qu’on ne le pense : le reflux gastro-œsophagien, ou RGO.

Un terme qui revient souvent dans les discussions entre jeunes parents… mais qui reste souvent mal compris.

RGO, régurgitation : quelle différence ?

Chez près d’un bébé sur deux avant l’âge de 3 mois, les régurgitations sont parfaitement normales. Le système digestif du nourrisson est encore immature, et une petite quantité de lait peut remonter après la tétée ou le biberon sans provoquer de gêne.

Mais dans 3 à 5 % des cas, ce reflux devient pathologique : les acides de l’estomac remontent jusqu’à l’œsophage, provoquant douleur, inflammation et parfois de véritables brûlures internes. C’est ce qu’on appelle un RGO pathologique.

Le plus difficile, c’est qu’il peut se manifester de manière très différente d’un enfant à l’autre :

  • certains bébés ne montrent presque rien,
  • d’autres pleurent à chaque repas,
  • certains refusent de s’alimenter,
  • d’autres encore se cambrent en arrière en hurlant.

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Les signes qui doivent alerter

Voici les principaux symptômes à surveiller attentivement :

  • pleurs intenses après les repas,
  • tortillements, crispations du corps,
  • refus du biberon ou du sein,
  • difficultés à dormir ou réveils multiples,
  • régurgitations acides, toux, laryngite, rhinite à répétition,
  • mauvaise prise de poids ou stagnation.

Si plusieurs de ces signes sont présents, il est essentiel de consulter votre pédiatre/médecin. Un RGO non traité peut causer une inflammation de l’œsophage (œsophagite) et rendre chaque repas douloureux pour votre bébé.

Avant les médicaments : agir sur la mécanique du reflux

Bonne nouvelle : la majorité des cas s’améliorent sans traitement lourd, à condition d’adopter les bons réflexes.

✅ Verticaliser bébé après chaque repas : portez-le en position droite pendant 20 à 30 minutes, utilisez une écharpe de portage ou un sling.

✅ Éviter la position allongée immédiate : pour dormir, une position légèrement inclinée (30°) peut aider, sous avis médical.

✅ Position ventrale sous surveillance en journée, cette position soulage souvent les bébés souffrant de reflux.

✅ Fractionner les repas : mieux vaut 6 petits repas que 4 gros biberons.

Ces gestes simples peuvent parfois changer la vie du bébé (et celle des parents).

Le casse-tête du lait : patience et méthode

C’est souvent l’étape la plus angoissante pour les parents.

Face aux pleurs de bébé, la tentation de changer de lait plusieurs fois est grande. Pourtant, chaque lait met environ 10 à 15 jours à être assimilé : il faut du temps avant d’en voir les effets.

Quelques repères pour s’y retrouver :

Les laits “AR” (anti-reflux) : épaissis avec de la caroube et/ou de l’amidon, ils limitent les régurgitations, mais ne réduisent pas l’acidité.

  • La caroube accélère le transit (risque de diarrhée).
  • L’amidon ralentit le transit (risque de constipation).
    Certains laits combinent les deux.

Les laits pour APLV (Allergie aux Protéines de Lait de Vache) : dans un tiers des cas, le reflux pathologique est lié à une allergie alimentaire.

  • On commence par un hydrolysat de protéines de lait (Allernova, Pepti-Junior…).
  • En cas d’échec, on passe à un lait de riz ou un lait à acides aminés (AA) pour les allergies sévères.

Attention : tout reflux n’est pas lié à une allergie.

Les signes d’APLV :

  • immédiats (dans les 2h) → urticaire, vomissements, rhinite, asthme,
  • retardés (sur plusieurs jours) → eczéma, diarrhée, sang dans les selles, stagnation de poids.

Les tests allergiques classiques sont souvent négatifs : seul un essai de lait spécifique peut confirmer l’intolérance.

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Faut-il donner un traitement ?

Les médicaments ne sont utiles qu’en dernier recours, lorsque les autres mesures ont échoué et que le reflux entraîne des douleurs ou une œsophagite.

Ils doivent toujours être prescrits par un professionnel de santé.

Gaviscon nourrisson : forme un pansement gastrique qui limite les brûlures acides.

Polysilane gel : apaise ponctuellement les irritations après les biberons.

IPP (Inexium, Mopral) : très efficaces sur les œsophagites, mais à manier avec précaution (effet rebond, troubles digestifs, risque de dépendance digestive).

Ces traitements mettent jusqu’à 3 semaines à agir.

Ils peuvent être salvateurs dans certains cas, mais ne doivent pas être systématiques.

Les fausses croyances à oublier

  • La vitamine D ne cause pas le RGO. (Seule la Zymad peut accentuer les coliques chez certains bébés sensibles.)
  • Le lait AR n’est pas une solution miracle. Il peut même aggraver la constipation et ralentir la digestion.
  • L’ostéopathie peut être un bon complément. En libérant les tensions du diaphragme, elle peut améliorer le confort digestif.
  • Le Julep gommeux, souvent cité sur les forums, peut soulager les coliques, mais n’agit pas sur l’acidité du reflux.

 

Le plus dur, c’est l’épuisement parental

Derrière le reflux, il y a une réalité qu’on oublie souvent : celle des parents à bout, des nuits sans sommeil, de la culpabilité et du découragement.

Chaque biberon devient un test, chaque pleur un signal d’alerte. Et le pire, c’est cette impression de ne pas être compris — ni par l’entourage, ni parfois par les soignants. Si vous vivez cela, vous n’êtes pas seuls. Entourez-vous, déléguez, reposez-vous. Un parent épuisé ne peut pas tout gérer — et c’est normal.

Le temps, le meilleur allié

La bonne nouvelle ? Dans la grande majorité des cas, le reflux finit par disparaître naturellement entre 9 et 12 mois. Le système digestif de bébé mûrit, le sphincter œsophagien se renforce, et les régurgitations cessent peu à peu. En attendant, chaque progrès, chaque petit mieux est une victoire.

La clé est dans la patience, la bienveillance et la confiance.

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Conclusion

Le reflux du nourrisson n’est pas une fatalité, ni une maladie grave, mais c’est un véritable tsunami émotionnel pour les familles.

Il n’existe pas de remède miracle, mais une seule certitude : avec du temps, du soutien et un bon suivi, tout finit par rentrer dans l’ordre.

Courage à tous les parents de petits RGO : vous faites déjà un travail extraordinaire