La campagne de vaccination contre la grippe et le Covid-19 débute ce mardi, et près de 19 millions de Français sont concernés.
Chaque automne, les mêmes questions reviennent : faut-il encore se faire vacciner ? Les deux injections sont-elles compatibles ? Et surtout : cela a-t-il encore un sens ?
En tant que médecin, je peux le dire simplement : oui, cette double vaccination reste l’un des gestes de prévention les plus importants, surtout pour les plus fragiles.
L’hiver dernier a d’ailleurs rappelé à quel point ces virus restent dangereux : la France a connu une épidémie de grippe particulièrement violente, avec une surmortalité importante chez les personnes âgées et de nombreuses hospitalisations évitables.
Cette situation a mis en lumière ce que nous, médecins, observons chaque année : la vaccination ne sert pas à éviter un simple rhume, mais à prévenir des complications graves.
Pourquoi une nouvelle campagne maintenant ?
Le virus de la grippe circule chaque hiver, avec des souches qui changent légèrement d’année en année. C’est pourquoi le vaccin est mis à jour chaque automne.
Quant au SARS-CoV-2, il n’a pas disparu : il continue d’évoluer, avec de nouveaux sous-variants qui peuvent contourner partiellement l’immunité acquise par les infections précédentes ou les anciennes vaccinations.
Ces deux virus, bien que différents, ont un point commun : ils provoquent des formes graves chez les personnes âgées, celles souffrant de maladies chroniques, ou au système immunitaire affaibli.
L’objectif de cette campagne est donc clair : réduire les hospitalisations évitables et protéger les plus vulnérables avant la période hivernale.
A lire aussi: Ces médicaments font maigrir des millions de gens… mais à quel prix ?
Peut-on faire les deux vaccins en même temps ?
Oui.
Les études montrent qu’il est parfaitement sûr d’administrer le vaccin antigrippal et le vaccin contre le Covid-19 le même jour, à condition de les injecter dans deux zones différentes (par exemple, un dans chaque bras).
L’efficacité des vaccins n’est pas diminuée et les effets secondaires ne sont pas plus fréquents.
Cette co-administration est même encouragée : elle simplifie le parcours de soin et améliore la couverture vaccinale.
Pour les patients, c’est un seul rendez-vous, une seule logistique, et une double protection.
Ce que disent les données scientifiques
L’efficacité du vaccin contre la grippe varie selon les années : en moyenne entre 40 % et 60 % pour prévenir les formes symptomatiques, mais jusqu’à 70–80 % contre les formes graves.
C’est moins qu’un vaccin comme celui contre la rougeole, mais suffisant pour réduire les complications et la mortalité.
Pour le Covid-19, les vaccins à ARN messager ont perdu une partie de leur efficacité contre l’infection au fil des variants, mais restent très protecteurs contre les formes sévères. La mise à jour actuelle cible spécifiquement les sous-variants en circulation fin 2025.
En pratique : une personne vaccinée contre les deux virus a moins de risque de développer une forme grave, d’être hospitalisée, ou de voir une maladie chronique décompensée.
Les effets secondaires
Ils sont globalement bénins et bien connus. Pour les deux vaccins, les réactions les plus fréquentes sont :
- douleur ou rougeur au point d’injection,
- fatigue, fièvre légère, courbatures dans les 24 à 48 heures.
Ces symptômes sont le signe que le système immunitaire réagit. Les effets indésirables graves (allergies, myocardite, réactions auto-immunes) sont exceptionnels et font l’objet d’une surveillance renforcée par l’ANSM et Santé publique France.
Qui est concerné ?
La vaccination antigrippale est gratuite et recommandée pour :
- les personnes de 65 ans et plus,
- les patients souffrant de maladies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, respiratoire, rénale, etc.),
- les femmes enceintes,
- les professionnels de santé,
- et les personnes fragiles vivant en collectivité.
Le vaccin Covid-19 est recommandé pour les mêmes groupes, mais peut aussi être proposé à ceux qui souhaitent renforcer leur protection avant les fêtes de fin d’année.
Pour les personnes en bonne santé de moins de 65 ans, la vaccination reste un choix individuel, mais elle réduit la transmission au sein des familles.
Pourquoi cette campagne suscite encore des doutes
Après quatre ans de pandémie, beaucoup ressentent une fatigue vaccinale. Certains ont été infectés plusieurs fois et pensent être “naturellement protégés”. D’autres s’interrogent sur la nécessité d’une dose supplémentaire.
Mais les données sont claires : l’immunité post-infection décline avec le temps, et la protection contre les formes sévères s’atténue au bout de 6 à 12 mois. La vaccination permet de réactiver cette mémoire immunitaire et de renforcer la réponse face aux nouveaux variants.
Quant à la grippe, son impact est souvent sous-estimé : chaque année, elle entraîne plus de 9 000 décès en France, majoritairement chez les plus de 65 ans.
Ce que je dis à mes patients
Je leur dis que la vaccination n’est pas un acte symbolique, c’est un outil de prévention active.
Elle ne garantit pas de ne pas tomber malade, mais elle réduit considérablement les complications et les formes graves.
Et c’est exactement ce que la médecine préventive cherche à faire : éviter les hospitalisations, maintenir la santé et la qualité de vie.
Je leur rappelle aussi que la co-administration est sûre, qu’elle simplifie tout, et qu’il n’y a aucune contre-indication à recevoir les deux vaccins ensemble si l’état général est bon.
A lire aussi: Trois à cinq cafés par jour : le secret inattendu d’un cœur en meilleure santé
En résumé
Cette campagne n’est pas un “rituel bureaucratique”. C’est une stratégie de santé publique basée sur les données scientifiques, ajustée chaque année selon les virus en circulation. Elle s’adresse avant tout à ceux qui ont le plus à perdre en cas d’infection : les personnes fragiles, âgées, immunodéprimées.
Alors oui, se vacciner contre la grippe et le Covid le même jour peut sembler anodin. Mais c’est un geste de protection collective et un acte de responsabilité médicale.




